PASTICHE 1
Jusques à quand abuseras-tu de notre santé, estomac ? Combien de fois encore saliverons-nous sans manger ? Jusqu’où gargouillera ta gourmandise gargantuesque ? Quoi ! Ni les tubercules fromagés de la tartiflette, ni les pizzas du samedi soir, ni les coulées de raclette sur la charcuterie, ni la lourde douceur du cheesecake, ni les fabuleux festins d’une mamie affective, ni même les campagnes de santé contre l’obésité, n’ont comblé ton appétit.
Ne penses-tu pas que ta panse est découverte ? que ton amour pour la nourriture n’a cessé de nourrir tes poignets d’amour ? Penses-tu qu’aucun de nous ignore les bourrelets que tu as alimentés la nuit dernière et celle qui l’a précédée ; dans quel frigo tu t’es goinfré ; quels en-cas tu as consommés ; quelles régimes tu as abandonnés ?
Ô beurre ! Ô huiles ! Toutes ces graisses, le pancréas les connaît, le foie les voit, et le ventre mange encore ! Il mange ; que dis-je ? Il dévore ; il nous emmène dans les fast-food ; il choisit nos restaurants et marque de l’œil les aliments qu’il veut immoler. Et nous, hommes pleins de volonté, nous croyons faire assez pour notre santé, si nous mangeons cinq fruits et légumes par jour.
PASTICHE 2
Jusques à quand abuserez-vous de notre patience, petits frères et sœurs ? Combien de temps nous courrez-vous après ? Jusqu’où s’emportera votre énergie ? Quoi ! Ni les remontrances des parents fatigués, ni les punitions pour vos bêtises, ni la colère de vos aînés, ni les journées chargées qui sont les vôtres, rien ne peut vous fatiguer!
Ne voyez-vous pas que nous ne pouvons plus vous supporter? Que nous en avons assez de vous voir fouiller incessamment dans nos affaires ? Pensez-vous que vous allez continuer à mettre l’appartement en désordre ; à laisser vos jouets traîner partout ; à entrer dans nos chambres sans permission ; à n’en faire qu’à votre tête ?
Ô cris, ô crises ! Votre agitation permanente, les parents n’en peuvent plus, vos aînés s’énervent et vous continuez ! Vous continuez ; que dis-je ? Vous en rajoutez ; vous trouvez toujours de nouvelles bêtises ; vous cherchez sans cesse un autre moyen de nous embêter. Et nous, aînés fatigués, espérons seulement vous voir grandir plus vite !
PASTICHE 3
Jusques à quand abuseras-tu de notre humour, lamentable blague de Carambar? Combien de temps encore serons-nous la victime de ta banalité ? Jusqu’où s’emportera ton audace? Quoi ! Ni les doigts collants des enfants dont l’humour n’a pas encore été ruiné, ni les soupirs exaspérés des lecteurs, ni la consternation des parents, ni les taux de diabète et d’obésité croissants, ni les caries infantiles que tu infliges et qui noircissent la candeur des dents de laits, rien n’a pu te faire fléchir sur ton chemin de destruction!
Tu ne vois pas que tes blagues sont connues de tous ? Qu’elles ne font plus rire personne ? Penses-tu qu’aucun de nous ignore tous tes jeux de mots par cœur ; ne les récite à tout bout de champ sans amuser personne ; ne s’arrache des rires forcés ; ne désespère de cet humour si absurde?
Ô sucres, ô colorants ! Vous tachez les lèvres de nos enfants de votre teinte chimique, et leur esprit pur d’un malicieux humour à deux balles ? Vous vous répandez, que dis-je ? Vous proliférez, dans les salles de classe, les cours de récréation, les réserves secrètes dissimulées sous les couettes ; vous prenez plus de place dans les cartables que les manuels scolaires ! Et nous, dentistes concernés, nous croyons faire assez pour l’hygiène dentaire sans nous soucier de caries de personnalité !
PASTICHE 4
Jusques à quand suceras-tu nos globules rouges, moustique ? Combien de temps encore serons-nous les jouets de ta faim insatiable ? Jusqu’où nous agaceront tes bruits insensés ? Quoi ! ni la bombe insecticide, ni les mains qui claquent, ni les senteurs de citronnelle, ni les moustiquaires surpuissantes, ni le froid glacial de l’hiver, ni la fureur que font naître vos piqûres répétitives, rien n’a pu ébranler l’amour inconditionnel que tu nous portes !
Tu ne vois pas que tes balades provoquent chez nous une incessante crainte à ton égard ? que ton unique plaisir est ici environné de fureur, de haine et d’effroi déchainé de toutes parts contre toi ? Penses-tu qu’aucun de nous ignore ce que tu as fait la nuit dernière et celle qui l’a précédée ; dans quelle maison tu t’es rendue ; quelle tendre peau tu as visée ; à quelles veines tu t’es abreuvé ?
Ô bzzzz ! Ô dards ! tous tes complots, on les connaît, on les voit, on les entend, pourtant, aucun remède n’est assez efficace pour te faire disparaitre ! Moustique, tu virevoltes, que dis-je ? tu voles chez nous ; tu choisis le plus délicieux d’entre nous pour l’attaquer d’un air effronté. Et nous, hommes sans peur, face à toi moustique sans cœur, nous croyons nous protéger assez pour éviter les maladies que tu véhicules !